J'ai un caissier pour me ramasser
Bon, Madame Dobby a ramassé encore une fois les pots cassés dans une école. Celle de la mort-qui-tue. Verdict : les collègues n'ont jamais vu la classe d'une telle docilité depuis le début de l'année. Pourtant, les élèves sont de bonnes graines, et encadrés, aimés, avec les interventions bien placées, c'est le bonheur. Vous voyez le topo de ce qui fait que c'est le bordel à chaque jour. Pourtant, ces mêmes élèves, ou enfin une moitié d'entre eux, avaient été de vrai... grr je ne trouve pas les mots... diablotins pour être fine, à la fin de L'année passée. Mais ils avaient des "excuses": j'arrivais après qu'ils aient pu foutre le bordel pour la 38e fois de l'année avec le suppléant qui faisait un jour semaine (la prof m'avait averti qu'elle-même avait de la difficulté avec eux au retour).
Bref, ils savent comment profiter de LA faille, surtout cette année, à leurs dépens cependant...
Sauf que là, la madame Dobby, ils la connaissent. Se souviennent de la douleur d'avoir quitté la classe 20 minutes après tout le monde... lol elle n'en a pas de faille la madame qu'ils se disent, pire elle connaît les nôtres. Peuvent pas en profiter.
En plus, ils ont failli s'en rappeler de la douleur, car il y a eu une gaffe en début de journée, monumentale, et ils ont su. On ne monte pas dans sa classe seuls, en fous, sans attendre son prof... tk pas sans attendre Madame Dobby qui les a cherché un bon 5 minutes. Jamais faire ça à Madame Dobby, surtout pas à cette école. Manu militari (joke là!!!), ils se sont retrouvés en rang (sans trop savoir d'où la Dobby était sortie pour leur tomber dessus d'une phrase bien sentie et sortie du gorgoton, du genre un caverneux "Comment ça, vous êtes montés?!? En rangs pis ça presse!". Direction: on refait le trajet... presque au complet (au grand bonheurs des déjà déshabillés, on n'est pas allés dehors). Remise au point, calme (mais d'un calme d'une vibration pouvant péter le 2x4 d'un karatéka à distance) et hop on remonte, en silence, et avec des airs contrits. Ils viennent de réaliser que la Madame Dobby connaît bien leur univers et qu'on ne lui en passe pas, et qu'ils ont intérêt la prochaine fois de rester là où ils doivent attendre le prof. Probablement qu'à date, personne ne leur a dit, même pas leur prof.
Le reste s'est bien passé; j'ai annoncé mes couleurs, et à chaque transition je les avertissais d'avance. bref.... tellement de douceurs qu'ils en étaient doux comme des agneaux. Travail, silence, calme, respect, douceur. 3 profs les ont félicités, tellement qu'un a dit "han.... c'est ben le fun", l'autre "ouain ça serait bien que ça soit toujours comme ça", et un autre ne croyait pas que rien de désagréable n'avait été dit. Malheureusement pour eux, les trucs désagréables ce ne sont pas à eux qu'ils s'adressent... sauf qu'ils en reçoivent pareil en devenant des diablotins pas par leur faute.
Des élèves m'ont dit des choses, enfin tous ces quelques élèves séparément, m'ont dit la même chose. Je ne peux pas le dire ici, mais jamais je n'aurais pensé qu'un prof pourrait dire ça à ses élèves pour essayer d'en venir à bout. Sauf que, là, je sais. Et mautadine que ça me fait ruer dans les brancards.
Belle journée, me suis sentie vraiment utile, et senti que les élèves ont reçu beaucoup autant académiquement que moralement.
Et j'ai même pu avoir ma première perle d'écriture. Oui oui, une belle récompense pour leur beau travail.
Hector (appelons-le Hector) m'arrive avec sa mini composition de 5 phrases où il décrit l'invention qu'il a inventée pour l'aider à faire une tâche dans laquelle il a de la difficulté (lenteur et suceuse d'attention et de concentration). Il me dit que l'invention est faite de métal et a 5 caissiers pour mettre dedans tout ce qui traîne quand faut faire le ménage.
... Ayant un ami caissier dans une caisse populaire, j'avais envie de lui dire... pas sûre que 5 caissiers comme mon ami voudraient se mettre dans ton invention pour ramasser tes cochonneries..... pis se les fourrer où tu penses.
Je l'ai bien ri intérieurement. L'élève lui, quand je lui ai fait remarquer qu'un caissier travaillait à la caisse... "Oups... me suis trompé". Hihihi. Vive les casiers!
5 commentaires:
Ça d'affaire à marcher dret, les oreilles dans le crin pis tout le monde à sa place...lol. D'ordinaire les enfants aiment la discipline et c'est bien ainsi. C'est sécurisant de savoir qu'il y en a un qui dirige. Bravo.
Voilà... je pense qu'ils n'ont jamais été aussi en sécurité cette année. Ça a paru dans leurs regards, les regards taquins quand je faisais des blagues, qu'elles étiaent pour rire ou pour corriger qqch qui ne me plaisait pas dans ce qui se passait, les regards quand je les enroulais autour de mon ptit doigt.
Dobby,
D'habitude, quand je leur fous de la copie ou de la retenue, ils me disent merci. Tout est dans la manière de le faire, j'imagine.
De plus, certains élèves ont effectivement besoin de sentir que tout n'est pas permis, que tout n'est pas possible... comme à la maison. Qu'il y a quelqu'un pour les encadrer et aussi les aider dans le respect et la cohérence.
Le bon prof suscite la confidence. Celles de vos élèves vous ont découragée. Faites-vous à l'idée. Il y a des connards dans notre profession. Malheureusement. pour nous et les élèves.
Ils ont tellement besoin de savoir que l'adulte va leur fixer une limite.
J'aimais en suppléance ce côté de rigueur et de douceur, savamment réparties.
Tu veux venir travailler avec mes élèves? Dis ouiiiiiiiiiiiii!!!
(je vais bientôt faire mon billet sur les suppléants incompétents.)
Unautreprof:
loooooll.....
Voudrais bien ;) Si t'étais dans mon coin de pays, et si j'étais libre hihi.
Je pourrais aussi en faire un billet sur une suppléante tellement incompétente... lol. Elle m'avait remplacé pendant deux semaines..... et on la "rit" encore par chez nous. Rien pour faire mal aux enfants... mais rien pour leur faire du bien non plus la gourde!
Prof masqué:
Faudrait, mais je ne m'y ferai jamais. et oui, la main de fer dans un gant de velour, c'est très rassurant pour un enfant, autant dans la famille qu'à l'école. Ça a paru, ils venaient à mes devants. Sont pas fous, ils voient la différence.
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