21 janvier 2008

Trois fois rien

  • Avoir des parents en classe, j'aime bien. Il est souvent très aidant d'en avoir, et je sais qu'il faut tirer profit de leurs forces. Plusieurs sont aussi de très bonne compagnie. Par contre, ça peut royalement m'achaler. Je suis d'une nature réservée en présence d'inconnus, et je suis très mal à l'aise d'avoir quelqu'un que je n'ai pas eu le temps d'apprivoiser (et de me faire apprivoiser) qui m'observe. Résultat: dans ce temps là, je suis gênée, je me sens observée par-dessus mon épaule et scrutée à la loupe dans mes moindres faits et gestes, et la roue de la gêne continue de rouler. Si le parent n'est pas trop du genre autonome, ou du genre aussi réservé que moi, c'est encore pire; tirez-vous une bûche, bon sang, ne restez pas debout! Et je ne parle pas du sentiment de devoir louvoyer certaines fois afin d'intervenir auprès de l'enfant du parent présent. Certains parents comprennent et appuient, d'autres sont plus "gelant". La "game" devient souvent politique.

    Tout ça pour dire que dernièrement, j'ai eu à demander de l'aide à un parent, autonome du côté de la tâche à accomplir et donc d'une aide énorme, mais un peu beaucoup gênée (donc gênante) et totalement à apprivoiser. Disons que nous n'avons que rarement le temps de nous jaser plus que cinq mots pour nous dégêner (la rencontre de parents ne compte évidemment pas de par son contenu) comparé à d'autres parents avec qui je pourrais jaser des heures (même si nous ne nous connaissons pas d'avance). Au début de notre collaboration, je me sentais perpétuellement en équilibre sur des oeufs, et que ça a tout pris pour qu'elle finisse par s'asseoir. Après deux jours, nous étions toutes les deux à l'aise. Alléluia, jamais trop tard!


  • Ce qui me faisait grincer des dents avant Noël qui concernait mon boulot semble tranquillement s'arranger. Je touche du bois.


  • Depuis que je suis enseignante, chaque fois que je veux faire des expériences scientifiques avec de la neige, j'ai des problèmes de "timing". À la minute où je les planifie, tout fond ou gèle bord en bord. Et, lorsqu'il y a une légère chute de neige, je finis par trouver l'occasion dans les jours suivants, au prix de bouleverser certaines autres activités qui se retrouveront dans les caves de l'oubli.

    Par contre, depuis que je ne suis qu'à deux jours dans une classe, c'est pire que pire. Quand je sens que le timing sera bon (évidemment dans la semaine d'après puisque la chute de neige nécessaire a le don de tomber soit avant des projets coulés dans le béton de l'horaire ou tard dans mes deux jours), tout (re)gèle, tout (re)fond. Sinon, quand je ne veux pas en faire faute de temps ou parce que j'ai un projet plus "important" ou demandant en route, paf, méga tempête de neige. Avec mon peu de temps de présence, le cercle vicieux se perpétue la semaine suivante. Je rends grâces lorsque mes flûtes rencontrent celles de Dame Nature. Il y a conspiration des éléments ou mon nom n'est pas Dobby!

15 janvier 2008

Une blague puante

J'ai cet enfant dans ma classe de première année que je pourrais appeler Allo Lalune. Allo Lalune n'est pas un enfant très autonome (maman et papa font tout pour lui), peu attentif malgré une certaine réussite, et affiche ce décalage caractéristique des enfants qui passent leur temps dans la lune à jouer dans leur tête. Il se ramasse donc souvent dans des situations gênantes par ses réponses décalées ou présente des yeux dans la graisse de bine si on ne l'a pas préalablement "réveillé" d'un "toc toc" sur son bureau.

Cet avant-midi, je faisais une leçon de lecture combinant les sons OI et OIN; ces sons mélangés dans différents mots portent à confusion et les enfants les ont mélangés ou mal perçus tout le long. J'ai donc décidé d'écrire différents mots au tableau pour qu'ils les lisent et qu'ils me disent, chaque fois, pourquoi ils lisaient un son plutôt que l'autre. Simple.

Après que la majorité des élèves soient passés "au cash", et que j'ai répété la question "pourquoi tu lis (par exemple, foi) au lieu de (foin), je pose un lapin, ou plutôt un putois, à Allo Lalune. J'écris le nom de cet animal, qu'il lit aisément puisque je l'ai réveillé de ma voix forte avant de lui écrire le mot. J'explique ce qu'est qu'un putois (en fait, j'explique la mauvaise chose, soit celle que Pépé Lapiou la moufette m'a toujours racontée quand il passait à la suite de Bugs Bunny en se faisant passer pour un putois; je devrai donc faire une précision la semaine prochaine). Puis, je retourne à ma question première: "pourquoi Allo est-ce que c'est putois que tu as lu?"

La réponse est venue rapidement. Un éclair de génie, un jeu de mots tombé de la bouche des dieux dans la sienne. Tombé des nues littéralement le jeu.

"Parce que tu pues, toi."

Ai-je besoin de dire que l'hilarité a été générale? Que j'étais affalée sur le tableau, crampée de rire devant sa figure tout innocente et pleine de bonne volonté, lui qui ne voulait pas du tout faire une blague, mais qui était sérieux comme un pape, sans trop savoir pourquoi tout le monde riait, pour ensuite le réaliser quand je lui ai dit "tu oses me dire que je pue et me traiter de putois?!?!?!?".

Le coup de grâce a été porté quand j'ai embarqué dans l'affaire en lâchant un "Heiile! Regardez-moi! Est-ce que j'ai l'air poilue noir avec une ligne blanche?!?!?!".

"OUUUUUUUUUUUIIIIIIIII" ils ont répondu tous en choeur.

Aargh... les petits puants!

14 janvier 2008

Un ptit rien de nouvelles de moi ;)

Pour répondre à Ptit Rien qui se demande "de kessé qui se passe pu sur la blogosphère", je vais faire mon premier message de 2008. Je suis comme toute bonne prof; je réponds toujours aux questions de mon auditoire (exceptées à celles d'un de mes élèves, que je surnommerai plus bas "Ptit Nombril", car ses POURRQUOOII à tour de bras pour le moindre bruit de mouche qui a la grippe aviaire).

Donc, je disais que j'allais répondre à la question de Ptit Rien.

J'aimerais vous dire que j'ai trouvé l'amour de ma vie, qu'on s'est marié en fin de semaine à Napoli et qu'on est "reviendu" fous d'amour l'un pour l'autre, mais non. Mauvaise nouvelle. Rien, nada, à l'horizon de ce bord-là. Par contre, j'ai quand même le simple de voir dorénavant deux jeunes hommes à ma table du dîner à mon école me comble de joie. C'est déjà mieux que rien.

Beeen non, donc. Je me suis seulement payé la semaine de vacances que je voulais de plus sur les vacances des fêtes. J'ai fait la paresse bloguale pure et dure. Et ce soir, je recommence. Je vous souhaitions bonne année grands nez et pareillement grandes dents!!!

Je vais bien. Côté personnel, ça va, j'ai refait le plein en peinturant des garde-robes, en posant des moulures, en peinturant et en m'évachant devant la télé avec mon super et nouveau système de son branché dessus (me suis gâtée étant donné que mon système a failli me bouffer un l'an passé lorsque le carrousel a lâché).

Étonnamment, l'année au travail a commencé sans les heurts de l'an passé, mais je n'ose pas parler trop vite de peur que la nouvelle machine me pète à la figure. Côté élèves, ça va aussi. Faut reprendre les rênes après que ces petits amours aient profité des largesses du temps des fêtes, mais ça va. Par contre, aujourd'hui j'ai appris que Blaise a vu ses parents "casser" hier. Il m'a dit ça d'une manière tellement blasée que, là, ça m'inquiète: exaspéré, blasé, théâtrale, je-m'en-foutiste. Tout ça dans une attitude tout de même trop neutre. On verra ce qui se passera, je vais rester aux aguets.

Ptit Nombril, lui, va... disons très bien. Je ne vous en avais pas parlé, mais imaginez un petit garçon attachant, souriant, rieur, plein d'énergie et, surtout, qui a été le centre de l'Univers pendant ses cinq premières années sur cette Terre. Pour résumer, disons qu'il a eu toute la place sans qu'on lui apprenne à avoir et conquérir sa place, soit lui-même, et à faire attention à celle des autres. Ajoutons une immaturité et le tableau est bien complet. Depuis septembre, donc, nous travaillons fort pour rattraper le temps perdu; il n'a pas le choix, à 15 contre lui, il faut qu'il apprenne à laisser des bouts d'Univers aux autres. Les deux semaines de vacances lui ont redonné quelques armes pour garder l'Univers avec lui, mais ça va revenir au lavage comme dit ma mère. Il va reprendre le beat; pas le choix, 15 contre lui encore et toujours.

Quant à Sara, elle s'épanouit. C'est une fillette de réflexion, une force de la classe, et elle s'est beaucoup ouverte dernièrement. Une belle fleur.

Sur ce, à la revoyure tout le monde!