En cette Pâques...
Tout d'abord, laissez-moi vous souhaiter de Joyeuses Pâques.
Ensuite, laissez-moi faire un aveu. Un aveu qui a un certain rapport avec l'enseignement, avec un débat qui a connu son dénouement avec un changement à la constitution canadienne (ne me demandez pas quelle année, je ne me rappelle plus laquelle surtout que mes cours sur la Loi de l'instruction publique sont loin).
Pas un gros aveu, mais quand même. Généralement, lorsque je le dis, soit je vois un sourcil se lever de surprise, soit la curiosité se fait sentir, soit le désintéressement à ce sujet est palpable et la conversation prend vite un nouveau tournant.
Je suis croyante. Catholique croyante. Plus ou moins pratiquante côté "bâtiment" et institution (j'ai beaucoup de difficulté avec certaines contradictions de l'organisation si on peut dire), mais j'essaie de l'être dans ma vie et dans ma communauté. Disons qu'il y a des gens qui me surpassent de beaucoup côté connaissances, réflexion, intériorisation et côté foi. Je suis plutôt du genre pratique dans la vie courante. Je crois en Dieu, je crois en Jésus, je crois aux messages légués et à tout le tralala, tout en restant avec mon esprit d'analyse (faut pas croire mot à mot, autrement dit). J'essaie de ne pas juger, j'essaie de voir le bon, j'essaie de comprendre le message humain caché derrière le message catholique, de me faire ma propre idée, de profiter de la réflexion des autres pour relancer la mienne, de partager le tout avec d'autres, etc.
J'ai été une des premières à me désoler der voir la religion quitter le programme scolaire. J'étais triste entre autres parce que je voulais pouvoir partager ma foi avec les élèves qui y étaient inscrits. Depuis, j'ai bien vu le désengagement de la majorité de ces élèves que j'aurais pu avoir. En effet, j'ai dorénavant l'occasion de mettre mon côté "pratique" et réel en étant catéchète pour une paroisse, dans une église. Ce n'est plus la catéchèse bébête de mon temps ou de certains manuels, on va plus loin intérieurement ou dans l'explication des écrits, et ça me plaît.
Et, comme je disais, je vois qu'il y a un gros désengagement et peu de croyants. Je ne pensais pas que les groupes d'enseignement religieux étaient remplis de croyants, remarquez, mais je ne pensais pas que c'était le contraire à ce point. S'il y a 30 enfants dans une année de parcours catéchitique d'une paroisse couvrant 3 ou 4 écoles, c'est beau; et encore là, ces enfants sont de 2 ou 3 niveaux scolaires différents. Donc, par rapport au nombre qu'il y avait dans chaque classe de toutes ces écoles pour un niveau catéchitique donné, c'est bien peu.
Pourquoi si peu d'enfants s'engagent dans le parcours catéchitique? Probablement parce que ce n'est plus offert par défaut, ce qui fait que plusieurs parents qui avaient fait baptiser "au cas où", mais qui dans le fond n'y croient plus depuis belle lurette, n'ont pas envie de faire des démarches plus avant pour faire avancer leur enfant dans la foi qu'ils lui ont donnée. Je n'ai rien contre, là; c'est un choix, il n'y a rien à juger, et si l'enfant veut plus tard affirmer cette foi, il sera capable de le faire par lui-même. En fait, ça me fait réaliser le caractère plus personnel de la démarche, le caractère plus engageant et forçant de la chose, caractères que je voyais plus ou moins lorsque celle-ci faisait partie du cheminement scolaire. Et je me dis que, dans le fond, ce n'est pas une mauvaise chose la laïcisation (enfin, si un jour les écoles finissent par vraiment devenir laïques et qu'elles sortent vraiment et absolument tout ce qui est religieux, mais c'est un autre débat). Dans le fond, ces 30 enfants sont juste plus allumés, plus réflexifs, plus éveillés, plus engagés et impliqués personnellement dans cette réflexion et démarche dans laquelle ils veulent être.
Pourquoi je suis en train d'écrire tout cela? Tout simplement parce que je réalise, depuis le début de l'année, que ma foi a changé, s'est définie de plus en plus grâce à la réflexion vers laquelle m'amènent les formations que je dois suivre, grâce à la réflexion des enfants que j'accompagne, grâce aux activités paroissiales auxquelles je participe ainsi que grâce aux rencontres humaines (merci M. et R.) que je fais depuis septembre. Et, avec tout ça, je crois que j'en suis rendue à avoir envie de dire sur mon blogue que je suis une enseignante croyante, catholique, qui ne se gênera pas pour le dire et pour l'utiliser pour avancer dans sa vie autant professionnelle que personnelle. C'est une affaire personnelle, certes, mais, on le sait tous, nous, les enseignants, nous avons la qualité d'être ce que nous sommes tout en étant enseignants, et d'être indissociables de ce que nous sommes et vivons en tant que personnes en enseignant.
Bref, j'ai acquis ce quelque chose qui fait que je crois même dans les coups durs et que j'y perçois mieux tous les petits symboles et les petites joies de la vie qui me ramènent encore et encore à ma foi et l'alimentent. J'ai un bouillonnement intérieur constant depuis, j'ai un je-ne-sais-encore-quoi d'ajouté, mais qui me fais de plus en plus croire en l'Église humaine, qui me fait de plus en plus croire en moi, en l'humain, en la vie, en Dieu. Ça me donne plus de valeurs à utiliser, si on veut, plus d'espoir, plus de... je ne sais pas quoi en fait, mais de meilleur. Je ne sais pas si vous me comprenez; même moi, je ne suis plus sûre de me comprendre en relisant. Mais ce que je sais, c'est que je veux en faire profiter tout le monde, à ma manière, sans vexer personne, sans forcer personne non plus, juste en étant meilleure.
Voilà, c'est tout.
Merci de votre écoute ;).