09 mai 2007

Enseigner les langues

Il fut un temps, dans ma jeunesse (houla, je me sens vieille à dire ça même si ça fait à peine 15 ans de ça), je voulais devenir enseignante de langue. Je me passionnais pour le français, pour l'anglais, le latin, l'espagnol. Finalement, j'ai décidé d'aller enseigner là où je pourrais choisir de faire partager ma passion des langues et d'autres choses (musique, arts, sciences): au primaire.

J'ai eu la chance aujourd'hui de faire le remplacement d'une enseignante d'anglais. Habituellement, je déteste remplacer des spécialistes ailleurs qu'à mon école. En effet, déjà que la tâche de spécialiste est assez ingrate (sauf si ça fait longtemps qu'ils ont fait leurs preuves), imaginez une suppléante qui saute dans l'arène. Et c'est encore pire quand le spécialiste ne se donne pas la peine de donner quelques indices ou à tout le moins des planifications minimales, que ce soit dans la pochette de suppléance d'urgence ou la planification prévue pour l'absence.

À la lumière de tout cela, si je parle de chance, c'est que j'avais une planification bien simple, mais efficace (travaux à réaliser et plans B à profusion dans la pochette), à portée de main, les informations sur les déplacements et les groupes, une classe méga organisée où même le "j'ai oublié mon crayon" ne peux pas servir d'excuse. La totale quoi, je peux tout utiliser au moindre pépin. Mais surtout... La planification était autant en anglais qu'en français! Bonheur, un indice qui me disait que je pourrais vraiment faire de l'anglais, en parlant seulement anglais!!! Oserais-je le faire, sachant que le suppléant est perçu comme un intrus et que dans tout bon milieu reconnu comme "récalcitrant à la chose anglaise" comme celui où est cette école?

J'ai osé, trop incitée par le plaisir que je pourrais en retirer. À la première période, je donne mes consignes pour le travail en français puis signifie que je ne parlerai plus français. Bang, je mets ma cassette english version, je me sers du tableau à plein et de gestes et d'images. Personne ne rechigne, quelques-uns me disent ne pas comprendre, et alors je réexplique avec d'autres mots, ou ultimement en français, je réponds aux questions françaises en la répétant en anglais, puis en y répondant toujours en anglais. Et ça a été comme cela toute la journée. En plus, tous les élèves ont eu des comportements corrects, ou presque. Personne n'a osé déranger plus que ce que certains ont osé, comme si l'enseignante leur avait donné le goût de l'anglais à la puissance 10. Ils participent quand même bien, font les tâches demandées, respectent les règles de vie. Jamais vu ça, sauf à mon école où les élèves me connaissent bien!

Bref, je suis à l'aise comme un poisson dans l'eau!! J'en suis encore toute retournée. L'an passé, alors qu'ils demandaient à des enseignants de changer de champs moyennant le paiement d'une formation en enseignement de l'anglais, j'avais le goût de faire le saut. Par contre, le préscolaire étant un amour dont je ne pourrais me passer, et le secondaire n'étant pas ma tasse de thé, j'ai décidé de ne rien faire. Je me suis dit que je pourrais avoir des occasions plus tard. Et aujourd'hui, c'était une de ces occasions tellement planantes.

N'importe quand je remplacerais de nouveau cette prof. Et ça me donne le goût, si jamais je fais un remplacement à long terme au primaire, de souhaiter qu'il s'agisse d'une école où il n'y aura aucun prof d'anglais, de manière à ce que je puisse proposer à mes collègues de donner à leur place les cours d'anglais pendant qu'ils enseigneront autre chose à mes élèves!

4 commentaires:

unautreprof a dit...

Héhé, c'est bien!

Dieu sait que c'est souvent ingrat en effet la tâche en anglais, particulièrement dans certains milieux.

Dobby a dit...

Il y a certains milieux où, de un, l'anglais est percu comme un ennemi à abattre, et/ou de deux, un apprentissage inutile comme tout le reste mais encore plus. Tk, cette prof-là a réussi qch: imposer le respect dans toutes les sphères de sa classe.

Anonyme a dit...

C'est admirable! :-)

Une femme libre a dit...

La pénurie de professeurs d'anglais langue seconde perdure. Encore plus depuis qu'on l'enseigne deux périodes au lieu d'une au primaire et depuis que les petits de première année y ont droit.