23 novembre 2006

Bulletins et larmes

La remise des bulletins de cette semaine est enfin passée. Wah... 13 heures en ligne. Une chance que ce n'est pas à tous les mois les bulletins.

Une chance aussi que je partage le poste, car comme ça la collègue que je remplace a écrit une partie des bulletins et moi l'autre. Pour la soirée de rencontre, on a travaillé les deux ensembles. mais à la fin, pour simplifier les choses pour certains, on a rencontré séparément 3-4 parents.

Bilan de cette rencontre? Du soulagement pour certains qui appréhendaient pour diverses raisons cette première année de scolarité, pour d'autres de la frustration (bien quoi, les enfants n'apprennent rien au préscolaire, on devrait mettre leur enfant en première année, on ne devrait pas avoir à vouvoyer à l'école, alouette!).

Mais ce qui m'a le plus touché, et pourtant j'en ai vu des gens démunis, j'ai travaillé dans des milieux défavorisés.... Une maman monoparentale qui comme on dit varge dans le tas, mais qui n'a pas les moyens ni humains ni intellectuels ni monétaires d'aider son ti-pous à aller plus loin, à aller chercher tous ces acquis qu'il n'a pas et qui lui manquent pour pouvoir ne serait-ce que suivre les autres. Elle est à bout, avec ses enfants, elle trouve ça difficile, elle sait qu'elle a besoin d'aide, mais... l'idée d'aller la demander est insoutenable pour elle, c'est un gros dilemme. Elle sait qu'elle en a besoin, sauf qu'elle a probablement peur d'être jugée, bien qu'hier nous ayons tout fait justement pour ne pas le faire en passant par le peu de désir qu'elle a déjà exprimés. Faut dire qu'elle a aussi peur de se dévoiler, une pudeur qui fait qu'elle est réticente à se montrer. Quand elle échappe une information sur un pan de sa vie, on voit qu'elle voudrait la ravaler, alors imaginez hier elle devait se dire qu'elle aurait dû se la fermer. Bref, elle demande, mais quand on offre ouf, dur dur.

Et l'émotion qui va avec tout ça est sortie hier, calmement, silencieusement. Alors qu'on lui parlait de son enfant, un enfant merveilleux, battant, souriant et agréable, mais qui se retrouve souvent au tapis sans le bon équipement pour faire face à la vie. Une chose est sûre, elle l'aime son fils. Ma description est à des kilomètres de ce que j'ai vu dans ses yeux hier, de l'amour au découragement, de la force à la fragilité. Une chose par contre que je peux dire sans problème: depuis hier, je crois sincèrement que les larmes silencieuses sont les plus crève-coeur et les plus criantes, les plus vibrantes de vérités. Surtout lorsqu'elles sortent toutes seules malgré nos deux mains dans les yeux...

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