03 janvier 2012

Ma classe version 2012

21 élèves.

J'ai commencé l'année à 18 physiquement assis dans ma classe, mais à 20 sur papier. Les deux derniers version papier se sont matérialisés fin septembre.

Jam-packed, on dit en bon franglais.

Dernièrement, j'ai eu un nouveau.

Faites le calcul, ça fait 21.

Et attention, ce qui suit est une complainte. Oui je me plains.

21 en maternelle, c'est déjà du sport. Juste de faire des activités et de superviser les étapes, ça en mange du temps. Faire parler tous les enfants; ça en mange du temps. Couper un gâteau de fête en 21, ça en mange du temps. Au lieu de manger du temps, j'aimerais prendre ce temps-là pour avancer plus et approfondir plus. Mais ça aussi, ça mange du temps, que je n'ai plus, parce que même passer la simple collation et les calmer, ça mange beaucoup plus de temps. Faire la discipline pour avoir le silence pour commencer une activité, ça mange du temps.

Ce n'est pas mon groupe d'il y a deux ans, ni celui de l'an passé qui, à 18, mangeait un peu moins de temps tout en étant capable de s'autogérer. Cette année, j'ai beaucoup de défis.

J'ai au moins 10 mémères aux prunes; savez, celle et ceux qui viennent constamment se plaindre ou rapporter, généralement après avoir envenimé la situation?

J'ai un petit prince, que dis-je, un petit roi qui à la maison mène tout le monde par le bout du nez. Je ne peux rien lui laisser passer, car il est ratoureux, allumeur de feux (en 10 minutes il sait sur quels pitons peser pour faire perdre la tête à ses têtes de Turc), menteur, voleur et sait très bien ce qu'il fait avec son petit air supérieur (he's the boss). Mettons que le fait que Madame Dobby lui ait montré en début d'année que c'est elle le boss lui a terni la couronne un brin. Le hic, c'est que sans un encadrement serré et sans le confronter constamment à ses actes (quand il s'essaie, malgré tout, de temps à autre), Petit Prince est capable de foutre le bordel, et royalement!

J'ai aussi mon Petit Pitou Piteux. Pour faire une histoire courte, le seul papa qu'il ait connu l'a abandonné, mais s'occupe de ses frères (qui eux, sont sa progéniture) Ça te magane un ti-pitou ça. Insécure, besoin d'affection et d'attention, surtout depuis que j'ai dû m'absenter un brin pour raisons de santé. Mettons que c'est dur pour un ti-pitou deux semaines sans Madame Dobby, avec la pire suppléante que la Terre n'ait jamais portée (si... vous... saviez!!! J'en ai eu pour 2 semaines à tout ramasser, matériellement et humainement).

Et mon petit dernier? Soupir. Il en vaut 4. Très très très poqué. Depuis sa naissance, il ne l'a pas eu facile, et ne l'a toujours pas. J'ai tous les intervenants en alerte. Présentement, l'encadrement qu'on lui offre est un encadrement style classe de troubles de comportement. En extrême besoin d'attention, d'affection, d'encadrement, de stabilité, alouette. Hyperactif au possible. On est en attente d'évaluations. Et ça urge.
En attendant, j'encadre Ti-Poqué, je dois toujours morceler les consignes pour lui, être constamment après lui tout en essayant d'être attentive aux 20 autres. Surtout à Petit Pitou Piteux qui, lui, réagit pour avoir lui aussi de l’affection et de l’attention. Et que dire de Petit Prince qui, après avoir identifié tous les pitons disponibles, a mangé toute une mornifle de Ti-Poqué? Et quand Ti-Poqué dépasse la limite établie, il est sorti de classe. Et à ce moment, on se fait, les intervenantes et moi, de beaux biceps et de beaux abdos.

Et mes élèves, pendant ce temps-là, attendent pour recevoir ce qu’ils ont à recevoir en maternelle.

Et l'attente, ça mange du temps.

Je vous l'ai dit que j'avais 21 élèves, pis qu'on en mange du temps?

Frustrant.

2 commentaires:

unautreprof a dit...

Ah, nos maternelles aussi débordent, une d'elle comporte plusieurs cas identifiés (TED avec un accmpagnement ridicule pour ne pas dire inexistant, trouble de langange, plus d'un a un dossier de Douglas... tu vois le genre), c'est carrément l'enfer. Les enseignantes sont excellentes et à bout. C'est hallucinant de voir hypothéquer comme ça des enfants si tôt.

Dobby a dit...

Ça fait longtemps que je le dis: la maternelle, c'est l'enfant pauvre de l'éducation. En fait, j'oserais dire que nous n'existons pas, sauf lorsqu'on est teeelllemmment miiignoooons...

Pas de ressources en tant que tel pour ce cycle, à moins qu'il ne reste des miettes un peu partout ailleurs. Pourtant, la prévention et l'intervention sont les meilleurs moyens de prendre une longueur d'avance sur ce qui se passera au primaire. Les évaluations sont généralement repoussées en fin d'année ou en première année du primaire, faute de ressources encore une fois.

Je suis extrêmement chanceuse d'avoir une équipe dévouée qui, malgré que ce ne soit pas officiellement dans leur tâche, croient à l'intervention précoce, surtout cette année. Mais encore là, ce sont les deux humains au bout de ces postes qui prennent les choses en main.