Le couperet du 5 ans
J'ai réalisé cette année, mais je n'en avais pas parlé, que j'avais passé le cap fatidique des 5 ans. Ce cap où, selon les statistiques, plusieurs diplômés (je ne me rappelle plus quelle proportion, si quelqu'un s'en rappelle, indiquez-le-moi) abandonnent l'enseignement pour toutes sortes de bonnes raisons. Je peux toutes les imaginer et les comprendre. Ce n'est pas évident enseigner et plusieurs choses peuvent faire en sorte que même des enseignants qui auraient un bel avenir devant eux quittent la profession. Trop de variables, j'en ai vécu assez pour comprendre.
Ce qui, je crois, m'a sauvé, ironiquement, c'est le stage raté. C'est là que je me suis pété (pas totalement par ma faute) la gueule, que j'ai vécu le questionnement sur le choix de ma profession. C'est à cause de cela que je me suis retrouvée à faire de la suppléance et à me faire demander de remplacer 2 mois dans une classe très difficile, encouragée par un support à toute épreuve de l'équipe-école et au final encouragée par mon superviseur de stage lorsque la "gamique" minant mon stage a été découverte. À sortir "vivante", ragaillardie, déterminée et revalorisée par tout cela.
J'ai été chanceuse de vivre ce support et cette confiance à ce moment précis de ma route. Du support, j'en ai eu plus souvent qu'autrement. Par contre, pour avoir vu diverses situations et en avoir vécu quelques-unes, je vois bien que ce n,est pas tous les enseignants qui, dans leur cheminement, au fil des classes, obtiennent les encouragements, le support, le filet de sécurité dont ils ont besoin. C'est dur de se sentir seul, que ce soit pour une journée, une période, un mois, un an. C'est dur de ne pas se faire accueillir, de voir des collègues de niveau ou de cycle tourner le dos à son approche ou se sauver à la moindre question pour aller prendre un café et ne jamais revenir, de se faire dire que les problèmes sont les nôtres et qu'on a tout simplement à s'arranger avec. Dur de ne pas se faire appuyer dans une démarche tout à fait légitime par une direction qui veut sauver les apparences. Et dur de vivre les situations problématiques tout court dans sa classe (je laisse votre imagination déborder, allez) et aux alentours de la classe (certains parents). Dur de se faire traiter presque d'incompétente parce qu'on surnage dans tout ça.
Bref, si un enseignant qui débute, aussi compétent soit-il, se retrouve deux, trois ou quatre fois de suite dans des situations où il crie à l'aide et où on ne daigne même pas lui lancer une bouée (ou que pire on l'achève avec ses propres rames), normal qu'il décroche.
Je suis contente d'avoir passé ce cap "psychologique" dont tout le monde parlait dans notre cohorte, et dont tous les profs "parvenus" parlent en fait. On connaît tous quelqu'un qui a abandonné. Je n'oublierai jamais cette collègue de bac rencontrée par hasard dans le métro, qui s'extasiait que j'enseigne encore alors qu'elle avait plutôt opté pour un travail où elle faisait plutôt de la formation aux pairs. Je suis fière d'être rendue là où je suis dans ma carrière. J'espère que je serai enseignante pour tout le reste de ma carrière. On ne sait jamais, bien que, comme j'en discutais avec un collègue vers la fin de l'année, qui a lui aussi passé ce cap, si on a passé à travers ce à travers quoi on a passé, on est équipés pour veiller tard malgré les avanies.
Je me demande combien de mes collègues de 2002 l'ont passé... Bonne carrière à tous ces autres qui ont passé leurs "5". Bonne vie à tous ceux qui ont changé de cap; soyez heureux et j'espère que vous n'êtes pas amers ou que vous ne gardez pas trop de mauvais souvenirs, et que tout va pour le mieux pour vous.
8 commentaires:
Je crois que le pourcentage d'abandon est de 20%.
C'est drôle, on a un vécu assez semblable toi et moi... À l'exception que je suis encore une petite jeunesse! :)
Pffffffff..... qu'est-ce que tu veux insinuer!?!?!?!?! :O
:P
J'ai trouvé la même estimation sur le site de la FSE. C'est beaucoup 20% alors qu'il semble qu'ailleurs au Canada on parlerait de 6% seulement.
Effectivement, on est plusieurs à avoir vécu des situations ou des parcours similaires. Le collègue que je citais a lui-même eu un parcours comme cela, et on est tous les deux d'accords pour dire que ça nous a donné ce qu'il fallait.
Ça veut dire que comme j'ai eu un stage merdique en Bac3, je suis une promise en enseignement??
:D
Eh! Moi aussi cette année je viens de passer le cap des 5 ans.
Je suis encore prof.
Encore en adapt.
Je suis de la denrée rare;)
Stagiaire: Ouaip! surtout si ce que j'en lis sur ton blogue tu as pognée une démolisseuse professionnelle. Moi je l'ai frappé dans le dernier mile, au bac 4. M'en serait passé, même si ça a eu du bon.
Unautreprof: Trinquons à ta rareté et à notre 5 ans! ;). C'est vrai tu es rare au champ 01. Je ne sais pas à ta CS, mais chez nous la liste est vide. Déjà que plusieurs changent de liste rapidement...
moi aussi j'ai fini en 2002, avec toi et a date j'ai enseigné...2 ans. Cong.s de maternité obligent! Et j'ai ajouté un 2 ans sans solde...alors ca va prendre un bon bout de temps avant que je dise que ca fait 5 ans aussi!!
Bravo à toi!!!
;) Salut Évangéline :) Je n'osais pas trop commenter sur ton blogue, trouvé par hasard chez Grande Dame (belle surprise), mais je prendrai la chance maintenant.
Prends ton temps, le cap du cinq ans d'enseignement ne battra jamais toutes ces années que tu prends pour faire le plus beau métier du monde: maman de Lumpy, Citrouille et Lutin :).
merci... moi non plus je n'étais pas certaine, mais en voyant ton année... Ben oui j'en profite et surtout que cette année je serai presque en congé car mon grand sera en maternelle!!!
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