01 mai 2008

Bon coup, sourire et serrements de dents

Comment s'arranger pour que Blaise déguste sans rechigner le chocolat de notre dégustation de chocolats-moins-sucrés-et-bons-pour-la-santé,-mais-ô-combien-plaisants-pareil-à-manger-et-mieux-à-choisir? Dire au groupe qu'ils sont tous obligés de goûter aux chocolats et ajouter, au moment même où il veut s'objecter (sa bouche prend automatiquement une forme de M pour commencer à dire "moi, je..."), que tous ceux qui n'auront pas pris une mordée dans leur morceau pour goûter, même s'ils ont droit de ne pas aimer, n'auront pas le droit à un morceau du meilleur chocolat au lait. Le sourire qu'il m'a fait avec un air de "OK j'abdique tu m'as encore eu...". Après, il m'a par contre donné le change en me disant que "moi j'aime ça le 75%" alors que d'autres ont fait la grimace. Ptit Verrat va, tu pouvais bien vouloir manger ton pain sec pour ne pas prendre le beurre que tu avais baratté, au cas où ça n'aurait pas été bon!!!

Présentement, dans ma classe de maternelle, il y a beaucoup de compétition. Plusieurs élèves font beaucoup d'efforts pour arriver à être premiers. Premiers à quoi? À lire et décoder les messages et les mots qui les entourent. Deux des plus gros compétiteurs sont Sara (qui finalement n'a tout simplement pas de soeur sauf une soeur imaginaire!) et mon cher Danny (nom fictif, mais il va bien à ce petit Asiatique hyper bollé et allumé). Tous les deux sont les piliers de la course; ils décodent tous les sons et mots de mes messages quotidiens, essaient d'écrire au son, cherchent des livres faciles à lire à la bibliothèque et aident les autres. Ma collègue et moi n'avons pas fait d'enseignement systématique, seulement de l'éveil au "nom" et aux "voix" des lettres grâce à la méthode "Raconte-moi l'alphabet" et à la lecture et aux mots grâce aux messages quotidiens. C'est ce que j'aime à la maternelle: voir chacun développer ses habiletés et évoluer.

Serrement de dents et serrement de coeur. J'ai pris une décision qui m'arrache un peu beaucoup le coeur. Pour le prochain affichage, je jonglais avec l'idée, s'il n'y a plus à ma position de postes temps plein ou partiel, de reprendre le même poste de suppléante que cette année et que les années passées. Or, les problèmes de placement ont recommencé, les explications sont toujours aussi boiteuses et je suis réellement écoeurée que la fonction de suppléante occasionnelle ne soit perçue que comme une fonction de bouche-trou à rentabiliser. Ce n'est donc qu'en dernier recours, en tout dernier recours, si et seulement si plus rien d'intéressant n'est disponible même à 1h de voyagement de chez moi, que je reprendrais le genre de poste que j'ai présentement. Un contrat comme le mien a toujours existé dans le but d'assurer et de favoriser la sacro-sainte stabilité aux élèves (et aussi au personnel, nous aussi sommes des humains), mais on ne juge pas (ou on ne veut plus avec la pénurie de suppléants, qui sont tout aussi écoeurés que moi) que ce soit nécessaire. Toutes ces années, je l'ai pris pour la presque stabilité que ça offrait à tout le monde, pour le milieu et les élèves/collègues que je connais et adore et surtout pour cette collègue que j'adore plus que tout. Pour tout ça, ça me serre le coeur, mais j'ai aussi peur vu que je me remets intentionnellement en situation précaire...

2 commentaires:

Unknown a dit...

J'ai aucun doute qu'une prof si experimentee et devouee comme toi trouvera facilement un poste!

Et qu'est-ce qui ne fonctionne pas avec le poste que tu as pour le moment? Explique moi un peu, c'est toujours interessant d'apprendre qch de nouveau sur la vie des canadiens!

Dobby a dit...

Pour faire une histoire courte, disons seulement que pour certaines administrations, la suppléance est vue comme un service bouche-trou qui doit être rentable et non comme un capital tout autant professionnel qu'humain que le reste des enseignants dits permanents. Cela fait que les bons suppléants se tannent rapidement et vont voir ailleurs chez des administrations où ils sont traités comme des professionnels, tandis que les "pourris" (on s'entend que dnas tout corps d'emploi il y en a qui sont pourris) restent et font suer les enseignants qui se font remplacer et ternissent la réputation du travail de suppléant.

Présentement, je suis professionnelle qui a finit par devenir une bouche-trou à cause de leur manque de considération, une bouche-trou à qui ont dit blanc puis on dit noir pour enfin finir par aller dans une zone grise qui m'écoeure encore plus, car ce n'était absolument pas ce qui était prévu et vécu depuis le début. L'administration crie et pleure le manque de suppléants, mais ne fait pas attention à ceux qu'elle a. À force de se faire écoeurer, on s'écoeure!