22 mars 2008

En cette Pâques...

Tout d'abord, laissez-moi vous souhaiter de Joyeuses Pâques.

Ensuite, laissez-moi faire un aveu. Un aveu qui a un certain rapport avec l'enseignement, avec un débat qui a connu son dénouement avec un changement à la constitution canadienne (ne me demandez pas quelle année, je ne me rappelle plus laquelle surtout que mes cours sur la Loi de l'instruction publique sont loin).

Pas un gros aveu, mais quand même. Généralement, lorsque je le dis, soit je vois un sourcil se lever de surprise, soit la curiosité se fait sentir, soit le désintéressement à ce sujet est palpable et la conversation prend vite un nouveau tournant.

Je suis croyante. Catholique croyante. Plus ou moins pratiquante côté "bâtiment" et institution (j'ai beaucoup de difficulté avec certaines contradictions de l'organisation si on peut dire), mais j'essaie de l'être dans ma vie et dans ma communauté. Disons qu'il y a des gens qui me surpassent de beaucoup côté connaissances, réflexion, intériorisation et côté foi. Je suis plutôt du genre pratique dans la vie courante. Je crois en Dieu, je crois en Jésus, je crois aux messages légués et à tout le tralala, tout en restant avec mon esprit d'analyse (faut pas croire mot à mot, autrement dit). J'essaie de ne pas juger, j'essaie de voir le bon, j'essaie de comprendre le message humain caché derrière le message catholique, de me faire ma propre idée, de profiter de la réflexion des autres pour relancer la mienne, de partager le tout avec d'autres, etc.

J'ai été une des premières à me désoler der voir la religion quitter le programme scolaire. J'étais triste entre autres parce que je voulais pouvoir partager ma foi avec les élèves qui y étaient inscrits. Depuis, j'ai bien vu le désengagement de la majorité de ces élèves que j'aurais pu avoir. En effet, j'ai dorénavant l'occasion de mettre mon côté "pratique" et réel en étant catéchète pour une paroisse, dans une église. Ce n'est plus la catéchèse bébête de mon temps ou de certains manuels, on va plus loin intérieurement ou dans l'explication des écrits, et ça me plaît.

Et, comme je disais, je vois qu'il y a un gros désengagement et peu de croyants. Je ne pensais pas que les groupes d'enseignement religieux étaient remplis de croyants, remarquez, mais je ne pensais pas que c'était le contraire à ce point. S'il y a 30 enfants dans une année de parcours catéchitique d'une paroisse couvrant 3 ou 4 écoles, c'est beau; et encore là, ces enfants sont de 2 ou 3 niveaux scolaires différents. Donc, par rapport au nombre qu'il y avait dans chaque classe de toutes ces écoles pour un niveau catéchitique donné, c'est bien peu.

Pourquoi si peu d'enfants s'engagent dans le parcours catéchitique? Probablement parce que ce n'est plus offert par défaut, ce qui fait que plusieurs parents qui avaient fait baptiser "au cas où", mais qui dans le fond n'y croient plus depuis belle lurette, n'ont pas envie de faire des démarches plus avant pour faire avancer leur enfant dans la foi qu'ils lui ont donnée. Je n'ai rien contre, là; c'est un choix, il n'y a rien à juger, et si l'enfant veut plus tard affirmer cette foi, il sera capable de le faire par lui-même. En fait, ça me fait réaliser le caractère plus personnel de la démarche, le caractère plus engageant et forçant de la chose, caractères que je voyais plus ou moins lorsque celle-ci faisait partie du cheminement scolaire. Et je me dis que, dans le fond, ce n'est pas une mauvaise chose la laïcisation (enfin, si un jour les écoles finissent par vraiment devenir laïques et qu'elles sortent vraiment et absolument tout ce qui est religieux, mais c'est un autre débat). Dans le fond, ces 30 enfants sont juste plus allumés, plus réflexifs, plus éveillés, plus engagés et impliqués personnellement dans cette réflexion et démarche dans laquelle ils veulent être.

Pourquoi je suis en train d'écrire tout cela? Tout simplement parce que je réalise, depuis le début de l'année, que ma foi a changé, s'est définie de plus en plus grâce à la réflexion vers laquelle m'amènent les formations que je dois suivre, grâce à la réflexion des enfants que j'accompagne, grâce aux activités paroissiales auxquelles je participe ainsi que grâce aux rencontres humaines (merci M. et R.) que je fais depuis septembre. Et, avec tout ça, je crois que j'en suis rendue à avoir envie de dire sur mon blogue que je suis une enseignante croyante, catholique, qui ne se gênera pas pour le dire et pour l'utiliser pour avancer dans sa vie autant professionnelle que personnelle. C'est une affaire personnelle, certes, mais, on le sait tous, nous, les enseignants, nous avons la qualité d'être ce que nous sommes tout en étant enseignants, et d'être indissociables de ce que nous sommes et vivons en tant que personnes en enseignant.

Bref, j'ai acquis ce quelque chose qui fait que je crois même dans les coups durs et que j'y perçois mieux tous les petits symboles et les petites joies de la vie qui me ramènent encore et encore à ma foi et l'alimentent. J'ai un bouillonnement intérieur constant depuis, j'ai un je-ne-sais-encore-quoi d'ajouté, mais qui me fais de plus en plus croire en l'Église humaine, qui me fait de plus en plus croire en moi, en l'humain, en la vie, en Dieu. Ça me donne plus de valeurs à utiliser, si on veut, plus d'espoir, plus de... je ne sais pas quoi en fait, mais de meilleur. Je ne sais pas si vous me comprenez; même moi, je ne suis plus sûre de me comprendre en relisant. Mais ce que je sais, c'est que je veux en faire profiter tout le monde, à ma manière, sans vexer personne, sans forcer personne non plus, juste en étant meilleure.

Voilà, c'est tout.

Merci de votre écoute ;).

11 commentaires:

Gooba a dit...

Il y a un article intéressant dans La Presse sur la foi, aujourd'hui...

Dobby a dit...

Merci gooba. Peux-tu m'en donner le titre? Je ne reçois /n'achète pas les journaux. J'irais voir sur Cyberpresse s'il y est :).

Gooba a dit...

Ici.

Dobby a dit...

Merci Gooba :)

Effectivement très intéressant, et je me suis laissée entraînée vers l'article qui est le "making of" de cet article: La foi, un tabou. J'aime bien une phrase d'Alain Crevier, animateur de Second Regard (que j'aime bien regarder, voir Dieu sous toutes ses formes): «Le "coming out" le plus difficile, ce n'est pas de se déclarer homosexuel, mais croyant.» Effectivement... et ça ne date pas d'hier. Je me rappelle que ma prof de 6e année nous avait dit, en cours de religion, que durant le grand mouvement d'athéisme qu'il y avait eu à sa jeune époque, elle avait été mal perçu d'être croyante et d'oser dire qu'elle n'était pas athée.

Anonyme a dit...

Salut!
Je suis une fille russe qui s’interesse au francais et au Canada et je suis ton blog que je trouve super inetressant!
Quant a la religion des enseignant, je dirais que la personalite des enseignants ca influence enormemment. Et on realise l’influence apres beaucoup de temps ! Par exemple, mes profs a l’ecole s’interessait aux pratiques orientales comme tsigune, taizi tsuan, meditation, musique etnique. Donc pour moi c’etait parfaitement normal qu’on s’interesse a ces choses-la (meme si pour mes parents ce n’etait pas un sujet d’interet). 6 ans apres j’ai commence a pratiquer ces trucs moi-meme et je me souviens des choses que disaient mes profs!
En meme temps il faut «promouvoir » sa vision. Comme un exemple, j’avais une prof d’italien a l’universite qui etait catholique. Elle nous donnait toujours des textes sur la mort et la religion et c’etait pas tres bien percu puisque la majorite de la grouppe n’eatit pas croyantes (surtout pas catholiques !!!)
Quand la personnalite du prof (ou de la prof) t’attire, tu est bien dispose de partager sa vision... :))

Dobby a dit...

Bienvenue Judney! Wow, une lectrice de Russie :) Bien contente que tu apprécies mon blogue (une raison de plus de faire attention à mon français).

Effectivement notre personnalité vient influencer notre enseignement. Par contre, je dois spécifier que je ne le fais pas directement; je n'irai pas partager ma vision catholique des choses dans une classe sauf dans un cadre bien précis où la discussion porterait sur cela, et toujours dans l'objectif que chacun a sa propre vision.

Par contre, je ne m'empêcherai pas d'afficher certaines choses ou des livres parce que ce ne sont pas tous les gens qui sont croyants. Par exemple, à Noël, je trouve important de dire aux enfants la raison pourquoi on fête Noël au-delà de la fête commerciale. Je ne m'empêche pas non plus de mettre des livres plus religieux dans la biblio de classe à Noël (s'ils sont beaux et adaptés) ou ma crèche sous le sapin de Noël. Les enfants posent les questions, en parlent entre eux. De toute manière, ils sont déjà un peu au courant; même mes petits musulmans savent pourquoi déjà avant que je n'en parle.

Le professeur masqué a dit...

Joyeuse Pâques à toi aussi. Effectivement, il est plus facile de se déclarer homosexuel que croyant.

C'est drôle. Aujourd'hui, j'ai mis la main sur un brevet d'enseignement des années 1930. On metionnait la religion de l'enseignante.

Autre temps, autres moeurs.

Dobby a dit...

Prof Masqué: Wow... garde ça ça vaut de l'or (enfin presque). Moi j'ai un vieux Petit Cathéchisme. Si on continue on va pouvoir se monter un musée de l'enseignement.... Et comme tu dis, autre temps, autre moeurs; il y avait tout un accueil pour ceux qui osaient traverser du protestantisme (écoles anglaises généralement) aux écoles françaises (catholiques majoritairement) (l'inverse je ne peux pas dire). Élèves et profs payaient pour.

Jhon a dit...

Mon sourcil s'est effectivement levé de curiosité. Mais ce qui m'a le plus frappé, c'est de voir que tu aimerais pouvoir partager ta foi avec tes élèves. Même si je trouve cela honorable de pouvoir les aider et discuter de ça avec ceux qui le désirent, je pense que ça doit se faire en-dehors des cours. Dans ma tête, l'école c'est pour enseigner pas éduquer, et la religion ça fait partie de l'éducation. Donc pour moi, la religion, ça n'a rien à faire à l'école, en tous cas l'aspect "croyance/foi" n'a pas à être transmit par les profs. Le côté historique oui, comparer et analyser les différents cultes oui, je verrais aucun soucis à voir ça dans un cours d'Histoire chez les plus grands, mais pas un cours de religion "pure".


Merci d'évoquer le sujet en tous cas, j'avais jamais réfléchi plus avant sur ce mélange explosif. :)

Dobby a dit...

J'aimerais parteger avec mes élèves? Effectivement, mais pas dans le sens que tu crois; partager un peu avec eux ce qui est historique, pcq qu'on le veuille ou non, par exemple, Noël est la fête du ptit Jésus (même si ça a déjà été païen on le sait), simplement pour le fait que ça existe, et pour le reste du partage, me suffit de le vivre par moi-même, de le partager en étant moi-même. Je ne suis pas bien bien plus clair, n'est-ce pas.

Jhon a dit...

Sisi maintenant c'est clair, j'avais mal interprété ton article :) Et j'en viens du coup à une autre question: leur expliquer les origines des fêtes comme tu le souhaites, c'est possible même sans cours de religion, non ? Qu'est-ce que le cours de religion apporterait en plus que tu souhaiterais donner ?