Câlin-aholic
Non, je ne suis pas dépendante à ce point, mais reste que ça fait vraiment du bien. Et parce que ça fait du bien au moral, j'entretiens la chose. Venez m’en faire des câlins (quand c'est le temps évidemment, pas quand je suis en train de vous demander pour la 15e fois de vous placer en rang...). Et souvent, j'en demande.
Essayez de rester fatigués, songeurs ou dans votre bulle quand des enfants vous reconnaissent dans la rue, vous disent bonjour avec vigueur (pour ne pas dire avec un sourire fendu jusqu'aux oreilles) puis vous sautent littéralement dans les bras. Ça vous remonte le Canayen et vous étampe un sourire en pleine face. Même sans la partie câlins, ça fait du bien, surtout quand les fameux bonjours viennent d'élèves qui auraient toutes les raisons de vous éviter vu que leur dernière période libre en votre présence s'est passée "sur le banc".
Ça redonne un boost d'énergie.
Des exemples?
- Au retour du travail, ce soir, j'en ai eu quatre pour le prix d'un. Quatre enfants du primaire, enjoués et souriants, qui, me voyant à l'arrêt d'autobus, ont traversé la rue pour venir me voir et me sauter dans les bras. Une petite qui à toutes les fois qu'elle me voit prend sa course et vient me serrer fort, son frère et deux de leurs amis. On a jasé de leurs projets, ri un peu puis ils sont repartis à leur petite affaire.
- Lorsque j'ai fait ce fameux premier dernier stage, j'ai eu un moment de franc découragement. Tous les autres enfants de la classe le percevaient. La preuve que les enfants sont de vraies petites éponges. Une des élèves, du haut de ses cinq ans, est venue à côté de moi et m'a frotté le dos, en me disant qu'elle ne trouvait pas ça plaisant pour moi ce qu'il faisait. Ces quelques cercles dans mon dos m'ont tellement fait du bien que je m'en souviens encore.
- Un vieil ancien élève de bénévolat, que j'ai revu ado au camp de jour où je travaillais, m'a sauté littéralement dans les bras. Et non, il n'y avait pas le trip "poitrine" caché sous la manoeuvre. Il est trop poli, innocent et naïf, allumé dans son discours, sage et honnête pour ça. Mature, et encore assez enfant à 14 ans pour accepter de serrer une prof dans ses bras sans arrière-pensées. Pourtant, j'ai déjà eu à être assez sévère avec lui, petit chenapan! Semble que ça ne l'a pas trop traumatisé cet ado une demi-tête plus grand que moi! Depuis ce fameux été, je me demande ce qu'ils sont devenus, lui et sa vieille sagesse. Il devrait avoir 19 ans présentement.
C'est là l'avantage de travailler dans mon quartier. Chaque jour, je risque d'avoir "ma dose" de bonjours ou de câlins. Et ça peut aussi être des bonjours et des sourires provenant de parents. Je ne sais jamais quand ni où: ça peut être dans l'allée des biscuits sodas, au comptoir des viandes ou dans un wagon de métro. Ça peut être aussi lorsque je suis bien installée dans ma chaise longue dans ma cour ou à la clinique. Certains de mes collègues n'aiment pas l'idée, et je leur explique toujours que les enfants sont assez intelligents et comprennent vite que je suis dans ma bulle, dans ma vie privée. Après leur gentil bonjour et 2-3 échanges, ils s'en vont, contents, mais respectueux de mon intimité. Le mythe du placard où les profs sont remisés le vendredi et dorment jusqu'au lundi suivant en prend pour son rhume, mais bon, il le faut bien pour qu'ensuite ils arrêtent de croire au Père Noël!
Ça fait du bien à tout le monde... et je serais bien folle de ne pas en redemander!