04 février 2012

J'ai peur qu'on le perde...

Mon Ti-Poqué.

Après avoir été en placement temporaire pour des raisons évidemment hors de son contrôle, il nous est revenu. Heureux de revenir après 3 semaines. Le câlin qu'il nous a fait en disait long, bien plus long que ses trois pommes.

Quand hier il ne s'est pas présenté à l'école, je me suis inquiétée. Et j'espérais qu'il ne soit que malade. Malheureusement, c'est à cause de la situation familiale terriblement instable qu'il était encore absent. Placement; un jour, peut-être deux, peut-être plus.

J'aimerais donc que les événements arrêtent de débouler pour qu'il puisse atteindre une certaine stabilité, que je puisse travailler avec lui sur tous ces petits accrocs à sa personnalité tricotée tout croche, mais qui est tellement belle quand on s'y attarde un brin. Je sais bien que pour le moment, ce n'est pas possible, et que je dois faire avec.

Et en même tant que j'ai peur de le perdre, j'aurais envie de le perdre pour de bon, mais seulement pour un placement qui lui assurerait tout ce que je lui souhaite, en attendant (espérant) que la situation familiale se replace.

J'ai peur qu'on le perde physiquement, mais dans le fond, j'ai surtout peur qu'on le perde tout court, psychologiquement, dans le dédale des problèmes, de l'instabilité, des placements, des difficultés, alouette.

Je pense que je vais m'en souvenir longtemps de Ti-Poqué.
Je dirais même toujours. Quoi qu'il arrive.

20 janvier 2012

Aveu coupable

Ça fait deux semaines que je roule.

Que j'enfile les activité d'apprentissage, peinarde.

Deux semaines que ma classe a retrouvé son air d'aller, ses bonnes vieilles habitudes.

Deux semaines que j'enclenche des projets que j'avais dû mettre en veilleuse, comme faire la "pas si simple" initiation à la bibliothèque.

Si le meilleur pour Ti-Poqué est de nous revenir, eh bien je le lui souhaite. Et je crois que oui on peut lui apporter beaucoup...

Mais en même temps...

J'aime ce que je (re)vis présentement.

11 janvier 2012

Le retour

Le retour s'est fait tout en douceur.

Malheureusement.

Je dis malheureusement, car Ti-Poqué n'est pas encore revenu. Un autre chamboulement dans sa vie. On appelle ça, il paraît, un placement temporaire. Le temps que tout se replace. Le hic, c'est que c'est un autre déracinement, une autre instabilité. Et il est pour l'instant hébergé trop loin de nous.

Comment voulez-vous qu'il ait confiance et qu'il acquière des comportements, des réactions adéquates alors que tout lui foire dans les mains. Pas sa faute, pauvre ti-pou. Mais à 5 ans, que veux-tu comprendre de ça?

Tout ça pour dire que malgré tout ce que nous devons vivre, malgré le fait que j'apprécie ce retour en douceur, ce doux cocon que nous formons...

Je veux aussi réussir à offrir un peu de réconfort, d'encadrement, de stabilité, d'affection à ce Ti-Poqué?

J'ai beau en arracher par bout... je l'aime déjà pas mal.

08 janvier 2012

C'est qui...

....qui l'a c'est Marie-Stella?

Nooooooooon!

C'est qui qui qui qui qui retourne au travail demain?

C'eeeeeeeeest moooooooouuââââ (et tous mes autres collègues enseignants)!!!!!!

Bon retour à tous ;)

03 janvier 2012

Ma classe version 2012

21 élèves.

J'ai commencé l'année à 18 physiquement assis dans ma classe, mais à 20 sur papier. Les deux derniers version papier se sont matérialisés fin septembre.

Jam-packed, on dit en bon franglais.

Dernièrement, j'ai eu un nouveau.

Faites le calcul, ça fait 21.

Et attention, ce qui suit est une complainte. Oui je me plains.

21 en maternelle, c'est déjà du sport. Juste de faire des activités et de superviser les étapes, ça en mange du temps. Faire parler tous les enfants; ça en mange du temps. Couper un gâteau de fête en 21, ça en mange du temps. Au lieu de manger du temps, j'aimerais prendre ce temps-là pour avancer plus et approfondir plus. Mais ça aussi, ça mange du temps, que je n'ai plus, parce que même passer la simple collation et les calmer, ça mange beaucoup plus de temps. Faire la discipline pour avoir le silence pour commencer une activité, ça mange du temps.

Ce n'est pas mon groupe d'il y a deux ans, ni celui de l'an passé qui, à 18, mangeait un peu moins de temps tout en étant capable de s'autogérer. Cette année, j'ai beaucoup de défis.

J'ai au moins 10 mémères aux prunes; savez, celle et ceux qui viennent constamment se plaindre ou rapporter, généralement après avoir envenimé la situation?

J'ai un petit prince, que dis-je, un petit roi qui à la maison mène tout le monde par le bout du nez. Je ne peux rien lui laisser passer, car il est ratoureux, allumeur de feux (en 10 minutes il sait sur quels pitons peser pour faire perdre la tête à ses têtes de Turc), menteur, voleur et sait très bien ce qu'il fait avec son petit air supérieur (he's the boss). Mettons que le fait que Madame Dobby lui ait montré en début d'année que c'est elle le boss lui a terni la couronne un brin. Le hic, c'est que sans un encadrement serré et sans le confronter constamment à ses actes (quand il s'essaie, malgré tout, de temps à autre), Petit Prince est capable de foutre le bordel, et royalement!

J'ai aussi mon Petit Pitou Piteux. Pour faire une histoire courte, le seul papa qu'il ait connu l'a abandonné, mais s'occupe de ses frères (qui eux, sont sa progéniture) Ça te magane un ti-pitou ça. Insécure, besoin d'affection et d'attention, surtout depuis que j'ai dû m'absenter un brin pour raisons de santé. Mettons que c'est dur pour un ti-pitou deux semaines sans Madame Dobby, avec la pire suppléante que la Terre n'ait jamais portée (si... vous... saviez!!! J'en ai eu pour 2 semaines à tout ramasser, matériellement et humainement).

Et mon petit dernier? Soupir. Il en vaut 4. Très très très poqué. Depuis sa naissance, il ne l'a pas eu facile, et ne l'a toujours pas. J'ai tous les intervenants en alerte. Présentement, l'encadrement qu'on lui offre est un encadrement style classe de troubles de comportement. En extrême besoin d'attention, d'affection, d'encadrement, de stabilité, alouette. Hyperactif au possible. On est en attente d'évaluations. Et ça urge.
En attendant, j'encadre Ti-Poqué, je dois toujours morceler les consignes pour lui, être constamment après lui tout en essayant d'être attentive aux 20 autres. Surtout à Petit Pitou Piteux qui, lui, réagit pour avoir lui aussi de l’affection et de l’attention. Et que dire de Petit Prince qui, après avoir identifié tous les pitons disponibles, a mangé toute une mornifle de Ti-Poqué? Et quand Ti-Poqué dépasse la limite établie, il est sorti de classe. Et à ce moment, on se fait, les intervenantes et moi, de beaux biceps et de beaux abdos.

Et mes élèves, pendant ce temps-là, attendent pour recevoir ce qu’ils ont à recevoir en maternelle.

Et l'attente, ça mange du temps.

Je vous l'ai dit que j'avais 21 élèves, pis qu'on en mange du temps?

Frustrant.

02 janvier 2012

Il s'en passe des choses en presque deux ans...

...

Ouaip.

- Mon père a fini par divorcer ma mère, et "reprendre" sa vie. Après plus de 30 ans. Plus d'un an et demi d'incertitudes, de stress, de réaménagements, de déménagements, de larmes, de sentiments mêlés, d'énergie, d’attente. Autant pour ma mère que pour moi. Voilà l'histoire courte. Et ce n'est pas fini, car qui a dit que tout était réglé après un beau petit papier de la cour de justice? Reste tout l’après à gérer!

- J'ai racheté la part du duplex de mon père. Retour à la case zéro dans le décompte des 25 ans de l'hypothèque. Redéménagée en bas, avec ma mère; plus facile de m'occuper d'elle que de devoir faire l'aller-retour perpétuel entre les deux logements. Une chance que j'ai trouvé une locataire pour le haut parmi mes amis. Réajustements de vie à deux. Mise au point avec ma mère. Rénovations pour avoir mon coin à moi dans le sous-sol (rénos qui ne sont toujours pas finies)

- J'ai passé à l'infâme Twitter. Moi qui me disais que je resterais loin de tout ça... Fallait bien les New Kids On The Block et un certain Jon Knight pour m'y pousser, et surtout une belle communauté de fans comme moi, à travers le monde. Ok, je peux bien parler, j'ai cédé à la tentation de manière tout à fait volontaire et avec le plus grand des plaisirs. Social networks freak je suis! Reconnaître le problème c'est guérir n'est-ce pas? Une chance que je ne suis pas fana du cellulaire en plus...

- Finalement rencontré mes idoles :) Ouaip. J'ai rencontré Monsieur Donnie Wahlberg en novembre 2009 à son passage à Montréal *sourire gaga*. Câlin, sourire, "I'm so happy to see you" bredouillé, re-câlin et photo. Je me suis ensuite payé le gros luxe d'un VIP quand les gars sont venus à Montréal en juin 2011. J'ai vu mon beau Jon. Up close and personnal... et pas mal proche sur scène en plus *sourire de plus en plus gaga*. Et revus le show à leur retour en août, juste assez bien placé pour faire rire Jon avec ma pancarte *sourire gaga encore*. Je vous l'ai dit que j'étais une fan finie? Mais ça a tellement fait du bien de me lâcher lousse là-dedans!

- Nouvelle école. J'étais en surplus à la fin de 2010. J'ai quitté cette belle équipe avec peine vers un nouveau défi dans une école des plus multiculturelles. Mais cela fait maintenant deux ans que je suis à la même école. Beaux défis, beaux enfants, rire, super collègues. Mais surtout, ça fait du bien de se fixer. De voir ce que les enfants qui ont passé dans ma classe deviennent. Et devinez qui a crié, pleuré et sauté de joie en recevant une certaine lettre de la commission scolaire lui annonçant qu'elle était officiellement permanente?

Ouaip... il s'en est passé des choses depuis avril 2010. Des moments durs, des moments joyeux. J'espère que 2012 me réserve plus de joyeux, car j'ai eu ma claque depuis 2009 des moments poches.

Il serait temps que je dépoussière mon blogue pour l'agrémenter de nouvelles anecdotes non?

29 avril 2010

Baisse ta quoi!?!?!

Rébellion

Il y a deux semaines, alors que le beau temps refait son apparition et que les manteaux deviennent moins long à enfiler, je me fais jouer un vilain tour par l'horloge de la classe: elle ne fera sonner la cloche du départ que dans plus de 5 minutes. Je fais donc mon jeu de vestiaire préféré (et aimé des enfants). Il s'agit en fait d'un jeu de pratique du contact visuel où, lorsqu'un enfant est en contact avec moi, il doit, selon mon signe de tête, se lever ou s'asseoir. Ils aiment bien, et moi aussi vu que c'est un jeu relativement tranquille, parfait pour mon esprit de vestiaire (où le silence quasi-absolu et le calme règnent en vue du départ).

Je commence donc mes regards et signes de tête, tout roule. Je fais parfois lever et asseoir les enfants à répétition, ce qui les fait bien rire. Je regarde A., une de mes filles, lui fait un signe de tête et ça se produit. Elle me regarde, sourire en coin, se croise les bras et me fait signe que non. Je répète mon signe.... même attitude. Je lui fait donc en signe la "menace" suivante: si tu ne le fais pas, je me lève et tu vas voir! Les autres rient alors qu'elle me réitère son refus. Je me lève, faisant les "gros-zieux-pour-rire" et en riant elle fait ce que je lui ai demandé.

Affaire classée, me dis-je. Eh bien non. Les cinq dernières minutes ont été des plus hilarantes, car ils m'ont tous fait le coup, par entraînement mais aussi par confiance. Jamais un enfant qui est mal dans sa peau ne l'aurait fait. En fait, jamais mon petit S. ne l'aurait fait avant janvier, lui qui était presque gêner d'exister, et il l'a fait. Grosse victoire. Et moi, à chaque fois, j'inventais une nouvelle menace, passant de faire semblant de ne plus jouer à retourner une enfant tête en bas. Et quand j'ai dit, ouais mais à si on le fait tout le temps on ne pourra plus jouer pour vrai, ils m'ont dit qu'ils ne le faisaient qu'une fois chacun. Géniaux je vous dis.


Baisse ta 'upe!


Mise en situation. A. arrive à côté de moi comme un coup de vent, un cheveu sur la soupe, un pot de colle, une mouche à miel, bref comme à son habitude. Elle qui a toujours quelque chose à me dire, me dit que sa jupe la dérange, qu'elle doit la baisser.

Je la regarde, toujours avec mon air intérieurement ahuri. Je l'adore cette enfant, mais parfois...! Et c'est là que ma réponse sort.

Baisse ta 'upe les 'ambes te 'èlent!!!

A. me regarde et me dit quoi?!?!? Et je ris à la voir essayer de répéter la chose tout en essayant de savoir ce que je lui ai dit. Elle devine "jupe", mais ne trouve pas le reste. Je lui dit que le premier son manque dans chaque mot et que c'est le même qui manquait dans jupe. Elle se démène et c'est finalement T., un autre petit vite, qui lui dit que c'est le J. À force d'essais et de mimes, elle finit par trouver "jambes", et quand je rajoute au début de la phrase "C'est l'hiver..." elle trouve "gèlent".

Et la journée s'est terminée avec tous les enfants qui essayaient de répéter "baisse ta 'upe les 'ambes te 'èlent!"